On appelle styles "mixtes", les styles à la frontière des pratiques internes et externes… Ils sont peu nombreux; certains les considèrent comme externes d'autres internes: à chacun de les juger selon sa propre opinion. Nous prendrons les 3 plus connus:
Yi
Quan: a comme particularité l'absence de formes préétablis
(Taos). Il est aussi connu sous le nom de Dacheng Quan. A partir des postures
particulières du Qi Qong, le pratiquant va se mouvoir spontanément
dans une alternance de lenteur, de rapidité et d'explosion, seul ou avec
un partenaire. Souvent considéré comme l'une des meilleurs synthèse
de toutes les boxes... Sa finalité n'est pas le sport mais le combat
réel; or, dans ce cas, l'adversaire ne porte pas les coups dans un ordre
convenu: il faut donc être apte à répondre à n'importe
quelle attaque. La grande idée de cet art est de réveiller des
automatismes instinctifs et de libérer les fonctions d'auto-défense
de l'homme: en clair, il faut se plonger dans la faculté de combattre
en situation de survie! Par exemple: une femme qui se fait agresser par un voyou
va rapidement perdre ses moyens et devenir une "proie" facile. En
revanche, si le voyou a la mauvaise idée de s'en prendre à sa
progéniture, la mère va devenir une furie! Tout ceci a une explication;
l'instinct maternel a court-circuité la pensée et l'action est
devenue spontanée. Dans cette optique, le Yi Quan propose des exercices
amenant l'esprit à "lâcher prise", ce qui permet d'exécuter
d'un seul coup, sans réfléchir, des gestes qui sauvent. Cet art
vise à un "esprit véritable" par la force de caractère,
l'audace et l'absence de peur...
Tui
Shou: Littéralement: 'Se pousser (Tui)
avec les mains (Shou)".
A la base, ce type d'affrontement est spécifique des styles internes.
Techniquement les Tuishou visent à développer les capacités
d'écoute, d'absorption, d'accompagnement afin "d'emprunter"
la force de l'adversaire et de la retourner contre lui. Le Tuishou est un élément
important dans l'art du combat chinois, car il inclut la notion de distance
rapprochée. Actuellement il existe un système de compétition
où les adversaires sont dans un cercle de 6 mètres de diamètre
avec un cercle intérieur 0,90 m. Les protagonistes peuvent utiliser les
techniques suivantes: Peng (parer), Lu (tirer), Ji (presser), An (appuyer).
La principale difficulté étant d'arriver à un total relâchement
de toutes les tensions physiques tout en adhérent totalement aux mouvements
de l'adversaire. Souvent considéré comme très proche du
Wing Tsun, il possède des particularités assez semblables comme
l'important travail réalisé surtout au niveau des mains (logique!).
Shuai
Jiao: appelé également lutte
chinoise. Le Shuai Jiao, bien que discipline indépendante du Wushu, est
certainement le style de combat le plus antique qui fut pratiqué à
des fins d'efficacité en situation réelle. La technique actuelle
a été structurée sous les Qing (1644-1912) avec l'apport
de différentes écoles de lutte comme la lutte mongole, la lutte
Hakka (ethnie du sud), la lutte Yi (ethnie du nord), la lutte Mandchoue, etc.
Elles ont été synthétisées à la cour impériale
de Pékin dans un institut (Shanpuying) qui regroupait plus de 300 lutteurs,
constituant la garde personnelle de l'empereur. En 1911, à la dissolution
de cette institution, les maîtres lutteurs se dispersèrent aux
quatre coins de la Chine pour répandre et vivre de leurs connaissances
martiales. Certains d'entre eux entrèrent au service de seigneurs de
la guerre locaux! La lutte chinoise se partagea en 3 courants: le Baoding, le
Beijing, le Tianjin. Ces villes devinrent les zones d'influences de la lutte
chinoise. En France nous avons découvert cette discipline en 1987 grâce
au Maître Yuan Zumou, pionnier en Europe qui développa le Shuai-Jiao
par le biais de nombreuses démonstrations et rencontres sportives. On
le considère comme l'ancêtre direct du judo. L'originalité
du Shuai Jiao est de réunir une pratique autant interne qu'externe alliant
la puissance du tigre, la fluidité et la rapidité du serpent.
Les pratiquants peuvent retrouver les significations de telle ou telle attitude
effectuée dans un Taolu du Nord ou du Sud, ou bien du singe… Le Shuai
Jiao ancien combinait les techniques frappés pieds-poings enchaînées
par des saisies et des projections. C'est un art très efficace en self-défense…